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- Entorse de l’articulation MCP du pouce
- Fracture de la base du 1er métacarpien
- Entorse des doigts longs (IPP et IPD)
- Fracture diaphysaire des métacarpiens des doigts longs – col de M5
- Fracture des phalanges des doigts longs
- Traumatisme de P3 avec hématome sous-unguéal
- Doigt en maillet = Mallet finger
- Rugby finger = jersey finger
- Rupture des poulies
Plaies de la main
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Plaie, cas général
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Définition/Mécanisme
Les plaies de la main peuvent être occasionnées par une simple coupure (couteau, ciseau, verre, boite de conserve…).
De façon trompeuse, elles peuvent sembler bénignes. Néanmoins, même s’il n’y a
pas de douleur ou de saignement, la plaie peut être grave. En effet, deux millimètres de profondeur suffisent à sectionner totalement un nerf, un tendon, une artère ou à créer une brèche articulaire.
Par ailleurs, la flexion active peut être conservée malgré une section à 90 % des tendons fléchisseurs.C’est pour cette raison, qu’une plaie minime, mais qui dépasse le derme, doit
toujours être explorée de façon chirurgicale pour vérifier l’absence de telles lésions. -
Risques/Complications
Les principaux risques et complications communs à toutes plaies sont :
- Trouble vasculaire
- Perte de sensibilité
- Perte de motricité
- Douleur
- Raideur
- Infection
–> fréquemment associées à une plaie articulaire (29 %), à des fractures (35%). -
Interrogatoire
- Date et heure de la plaie
- Mécanisme (traumatique ou non, par un objet tranchant, par un végétal, par une morsure, par une brûlure thermique/chimique, par un liquide sous pression)
- Position de la main lors de l’accident
- Main dominante
- Profession
- ATCD/TTT/Allergie
- Statut vaccinal antitétanique
- Tabagisme
- Heure du dernier repas
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Inspection de la plaie
- Réflexe systématique : évaluer, en priorité, la vascularisation du doigt
- Localisation de la plaie (face palmaire, face dorsale, face ulnaire, face radiale, en regard d’une articulation ou non)
- Taille
- Profondeur estimée
- Propreté
- Délabrement/perte de substance
- Présence de bague sur un(des) doigt(s) sain(s) –> à retirer +++ (car possible œdème post-traumatique)
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Examen clinique et prise en charge
Dans le cas où le médecin adresse le patient d’emblée au spécialiste de la main
- Lavage au sérum physiologique, eau/savon
- Confection d’un pansement adapté, le moins adhésif possible
- Si besoin, utiliser un pansement compressif plutôt qu’un garrot
- Délais d’adressage :
- lésion d’un tendon, d’un nerf : 12-36 heures
- plaie articulaire : 12-24 heures
- Antalgique adapté : Paracétamol en 1ère intention, éviter les AINS
- Vérification du statut vaccinal antitétanique
Dans le cas où le médecin prend en charge la plaie sur place
- Lavage au sérum physiologique, eau/savon
- Réalisation d’un testing musculo-tendineux et nerveux
Aller aux vidéos de testing musculo-tendineux - Anesthésie
Aller aux vidéos d’anesthésie AL - Exploration
(avec un bon éclairage, du matériel stérile, un garrot à la racine du bras – tensiomètre par exemple -) :- des plaies à gravité évidente
- des plaies sans gravité évidente mais dépassant le derme, même si l’examen clinique est normal :
- face palmaire quel que soit le siège
- face dorsale uniquement les plaies distales par rapport au col des métacarpiens
- toutes les plaies de la face dorsale du pouce
- Suturer la plaie quand toutes les structures ont été visualisées intactes, après un examen de qualité, avec un fil résorbable
(ou non selon les habitudes) - Vérifier le statut vaccinal antitétanique
Selon le mécanisme traumatique, ne pas hésiter à faire une RX pour ne pas négliger une fracture (surtout si traumatisme de P3)
Au moindre doute (difficultés à visualiser les plans profond, difficulté d’anesthésie…) ou si existence d’une lésion tendineuse/nerveuse
–> adresser au spécialiste de la main -
Antibiothérapie
Antibiothérapie nécessaire en cas de risque infectieux mais pas de consensus (liste non exhaustive) :
- Signes cliniques d’infection locale ou systémique (après prélèvement au bloc)
- Prise en charge tardive > 24H
- Inoculum bactérien important/plaie fortement souillée ou profond (après prélèvement au bloc)
- Difficultés pour un lavage efficace
- Terrain à risque (diabétique, immunodépression)
- Plaie profonde issue d’une morsure
- Atteinte osseuse ou tendineuse
Antibiothérapie de 1ère intention : amoxicilline + acide clavulanique pendant 5-7jours
Antibiothérapie de 2ème intention (allergie notamment) : Doxycycline ou Pristinamycine ou Clindamycine -
Réévaluation
Une réévaluation à 48H est recommandée pour toute plaie à haut risque infectieux (souillée), à 24H pour les morsures. Il n’y a pas de recommandations de haut niveau de preuve pour les autres plaies.
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Traumatisme ouvert multi-tissulaire
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Définition/Mécanisme
Pour ces traumatismes, il y a toujours plusieurs lésions associées (tendons, nerfs, fractures ouvertes etc…) avec parfois un délabrement ou une dilacération des tissus lésés.
Ils sont, le plus souvent, occasionnées par des machines ou des outils mécanisés (scie, toupie, tondeuse, rabot, taille-haie etc…).
Un écrasement associé aggrave également les lésions et les séquelles potentielles.Même après réparation chirurgicale, la multiplicité des lésions et leur gravité entraine quasi systématiquement des séquelles, plus ou moins importantes. Pour cette raison, toute plaie sévère de la main doit être confiée à un chirurgien spécialisé afin de minimiser le risque de séquelle.
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Conduite à tenir
- Réflexe systématique : évaluer, en priorité, la vascularisation du doigt
- Désinfection locale en évitant les solutions colorées, afin de ne pas altérer l’interprétation visuelle de la vascularisation
- Faire un pansement légèrement compressif et surélever le membre pour limiter le saignement. Ne pas utiliser de garrot.
- Recueillir, si possible, quelques informations utiles pour le chirurgien : heure de l’accident, si existence d’autres lésions d’organe prioritaires, provenance (distance du centre d’urgence de la main)
- Contacter en urgence un service spécialisé dans les urgences de la main pour la PEC
Aller vers l’annuaire - Vérifier le statut vaccinal antitétanique
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Amputation
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Définition/Mécanisme
Un doigt amputé est voué à la nécrose spontanée et irréversible en quelques heures.
Une réimplantation n’est donc envisageable, que dans la limite de ces quelques heures.La décision de la replantation va dépendre :
- du doigt concerné (le pouce étant prioritaire) ;
- du nombre de doigts amputés ;
- du niveau de l’amputation (plus l’amputation est proximale, moins le résultat de la réimplantation est bon) ;
- de l’état général du patient ;
- du côté dominant du patient ;
- de la profession du patient ;
- de l’état du ou des fragment(s) amputé(s) ;
- du choix, de la décision du patient ;
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Prise en charge
Il s’agit d’une urgence immédiate : le patient doit être adressé dans un service d’urgences de la main. Aller à la page « Annuaire ».
Ne pas hésiter à passer par le 15 pour des conseils et une orientation vers un
milieu spécialisé adapté.- Rassembler tous les fragments amputés, les nettoyer sous l’eau et les mettre dans une compresse ou un linge propre, puis dans un sac plastique étanche ;
- Placer le sac plastique étanche fermé sur un sac contenant de la glace et de l’eau. Les fragments ne doivent, au aucun cas, être mis en contact direct de la glace.
Ne pas mettre le sac au réfrigérateur ou au congélateur. - Envelopper la main blessée dans un pansement légèrement compressif et surélever le membre pour limiter et arrêter le saignement.
Les garrots à la racine du bras sont formellement proscrits. - Vérifier le statut vaccinal antitétanique
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Morsure
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Définition/Mécanisme
Les plaies par morsure sont souvent multiples et d’aspect relativement minimes, néanmoins avec un risque infectieux important.
Les morsures de chien sont souvent responsables de traumatismes à force élevée, possiblement associées à des fractures.
Les morsures de chat entrainent, le plus souvent, des plaies punctiformes et sont responsables d’un risque élevé d’infection (risque d’arthrite si la plaie se situe en regard d’une articulation, de phlegmon de la gaine des fléchisseurs). Les morsures de chat sont responsables de 65 % des infections./!\ aux blessures par poing fermé -> risque d’arthrite septique par violation de la capsule articulaire, d’atteinte tendineuse et risque de fracture -> examiner avec le poing fermé et ouvert
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Risques/Complications spécifiques
Le risque majeur est l’infection par les nombreux germes présents dans la salive : polymicrobiens, Pasteurella multocida (chat), Bartonella henselae (chat), Pasteurella canis (chien), Eikenella corrodens (homme).
Une infection peut se développer en quelques heures et diffuser très rapidement en profondeur (évolution vers un phlegmon, par exemple).A noter que, l’évolution d’une plaie contaminée par Pasteurelles et apparentés est typique avec l’apparition d’une cellulite hyperalgique très précoce, entre 1 heure et 12 heures après la morsure, alors que les cellulites à Pyogenes sont retardés, 48 heures après la morsure.
Le risque de contamination par le virus responsable de la rage (Lyssavirus) dépend de la région géographique et du type d’animal (domestique, importé, sauvage).
En cas de morsure humaine, le tétanos ou le virus de l’hépatite C peuvent être transmis. -
Consignes vétérinaires
En cas de doute ou de difficulté à évaluer le risque de rage, appeler le centre antirabique le plus proche.
Annuaire des différents centres, disponible à l’adresse suivante : https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/consultations/centre-antirabiqueRisque de rage quasiment nul
- si morsure, griffure en France
- si animal non importé
- animal sans comportement suspect
- animal ayant un propriétaire et pouvant être surveillé par un vétérinaire
Aucune mesure spécifique n’est mise en place
La surveillance vétérinaire est, en théorie, obligatoire pour les chats, les chiens, les furets vivants pendant 14 jours, avec rédaction de 3 certificats à J0, J7, J14.
En cas d’euthanasie de l’animal (s’il présente des signes de rage) ou si l’animal meurt, sa tête doit être envoyée à l’Institut Pasteur, pour analyse et permettre un diagnostic de certitude.Risque de rage élevé
- tout contact direct avec une chauve-souris
- toute morsure/griffure/léchage sur peau lésée ou muqueuse par un animal :
- importé d’une zone d’enzootie* rabique
- à l’étranger dans une zone d’enzootie* rabique
- porteur de rage
Vaccination curative et sérothérapie (immunoglobulines spécifiques) dans un centre antirabique
*Enzootie : Maladie épidémique qui frappe une ou plusieurs espèces animales dans une région.
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Prise en charge
- Désinfection identique à toute plaie
- Antibiothérapie systématique de 5 jours (ou jusqu’à 10 jours si évolution défavorable ou complication) :
- Amoxicilline + acide clavulanique 1 gramme 3 fois/jour
- Si allergie aux Pénicillines : Doxycycline 100 mg 2 fois/jour
- Si allergie aux Pénicilline et cyclines contre-indiquées :
Clindamycine 600 mg 3 fois/jour ou Pristinamycine 1 gramme 3 fois/jour
ou Cotrimoxazole 800/160mg 2 fois/jour
- Vérifier la vaccination anti-tétanique
- Si doute sur l’atteinte d’une structure noble (tendon, articulation) ->
adresser à un chirurgien spécialisé - Dans tous les cas, réévaluation à 24H par vous-même ou un chirurgien spécialisé
- Ne pas hésiter à faire une RX, afin de ne pas négliger une fracture (animal volumineux, morsure P3 quelle que soit la taille de l’animal)
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Brûlure
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Définition/Mécanisme
Les brûlures thermiques sont les plus fréquentes : flamme, liquide chaud (eau, huile), objet chaud (plaque de four, fer à repasser, BBQ, radiateur, porte de four…) ou gaz chaud (fumées, vapeurs).
Les brûlures peuvent également être d’origine chimique par le contact d’un acide ou d’une base (soude), de gaz lacrymogène, de ciment… ou d’origine électrique (arc électrique de haut voltage).Les lésions de brûlure apparaissent à partir d’une température de 52°C. Les plaies circonférentielles sont à risque d’ischémie.
Il est important d’évaluer la localisation, l’étendue (paume = 1% de la surface corporelle) et la profondeur.
On distingue ainsi 3 degrés de profondeur qui peuvent co-exister sur une même brûlure :
Brûlures superficielles
1er degré
Erythème (type coup de soleil)
Guérison spontanée
en 2 à 4 jours2ème degré superficiel
Phlyctène, peau sous-jacente rouge et chaude
Très douloureux +++
Hémorragique à la scarificationGuérison spontanée en 15 jours
Brûlures profondes
2ème degré profond
Possible phlyctène mais peau sous-jacente blanchâtre ou rouge vineux
Peu douloureux
Peu hémorragique à la scarification
Le poil résiste à la tractionGuérison spontanée possible en 3 semaines sauf si surinfection
3ème degré
Peau d’aspect cartonné
Non douloureux
Le poil ne résiste pas à la tractionCarbonisation : aspect brunâtre, vaisseaux superficiels thrombosés, les poils ont disparu
Absence de guérison spontanée
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Prise en charge
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Supprimer le contact avec l’agent brûlant
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Mettre la zone brûlée sous un robinet d’eau froide pendant 10 minutes afin de la refroidir et de limiter la profondeur de la brûlure
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Vérifier la vaccination antitétanique
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Prise en charge en fonction de la profondeur :
1er degré
Cicatrisation spontanée avec, éventuellement, application d’une crème grasse hydratante
2ème degré superficiel
Cicatrisation dirigée par des pansements gras
2ème degré profond ou 3ème degré
Avis spécialisé
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Piqure
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Risques
- Divers objets (clou, épingle, épine, arête, barbelé, pointe de couteau, fil métallique…) peuvent entrainer une piqûre du doigt qui peut passer inaperçue,
ou que le patient aura tendance à négliger. Néanmoins, un corps étranger de petite taille peut être inoculé dans le doigt à la suite d’une simple piqûre.
- Il existe des risques spécifiques liés aux piqûres. Ces dernières peuvent, très rapidement, entraîner des infections profondes des doigts ou de la main (panaris, phlegmon, arthrite septique) ainsi que des inflammations aigues ou chroniques très sévères, notamment après des piqures végétales (épine de rosier, ronce, épine noire) ou animales (débris d’huître, arête de poisson, épine d’oursin…).
- Les zones à risque se situent en regard d’une articulation et de la gaine des fléchisseurs.
- Divers objets (clou, épingle, épine, arête, barbelé, pointe de couteau, fil métallique…) peuvent entrainer une piqûre du doigt qui peut passer inaperçue,
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Prise en charge (hors AES)
- Lavage et désinfection immédiate de la zone de la piqure
- Vérifier la vaccination anti-tétanique
- Rappeler les consignes de prévention (port de gant, bonne hygiène des mains) et de surveillance (consigne de reconsulter en cas de rougeur, chaleur, douleur, œdème, fièvre…)
- Antibiothérapie non systématique et dépendant de la nature de la piqure
- Radiographie +/- échographie des tissus mous en cas de doute sur présence d’un corps étranger
- Réévaluer la plaie à 48h-72h
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Injection sous-pression
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Définition/Mécanisme
Il s’agit de plaies graves dont le traitement est urgent.
Leur gravité est liée à l’agression chimique du liquide (peinture, vaccin animal, huile) ou du gaz injecté (gaz comprimé) à très forte pression dans le doigt ou la main.La plaie initiale est minime voir punctiforme (souvent au niveau de la pulpe), néanmoins les dommages se situent en profondeur. En effet, le liquide ou le gaz injecté va progressivement diffuser dans les tissus et entrainer leur nécrose. Une infection profonde (phlegmon) est d’ailleurs souvent associée.
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Risques/Séquelles
Le risque spécifique lié aux plaies par injection est la nécrose étendue des structures internes du doigt. Cette dernière est irréversible et entraine des séquelles très graves (raideur, douleur, atrophie, insensibilité, infection) pouvant, parfois, nécessiter l’amputation secondaire du doigt.
Ainsi, le traitement chirurgical en urgence a pour objectif d’évacuer le plus rapidement et de façon la plus complète possible le produit injecté, ainsi qu’un nettoyage complet afin d’éviter la survenue secondaire d’une infection.
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Prise en charge
- Lavage et désinfection identique à toute plaie
- Adresser immédiatement vers un service d’urgence de la main: une plaie par injection, minime soit-elle, doit être prise en charge de toute urgence par un chirurgien spécialisé de la main Aller à l’annuaire
- Sans retarder la prise en charge chirurgicale, il est possible de téléphoner au centre antipoison afin de connaitre le risque de passage systémique du produit injecté, son éventuel antidote et de transmettre ces informations au chirurgien.
Centre antipoison de Bordeaux: 05 56 96 40 80
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Le doigt d’alliance
(ring finger)
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Définition/Mécanisme
Le doigt d’alliance survient lors d’un mécanisme de traction du doigt par une alliance ou équivalent.
La plaie peut aller de la simple éraillure cutanée à l’amputation du doigt. Il existe par ailleurs un risque important d’avulsion au niveau des tissus (peau, nerfs, tendons, vaisseaux, lésion osseuse). -
Prise en charge
- Si l’alliance est restée sur le doigt, ne pas essayer de la retirer
- Mettre une compresse et un bandage autour du doigt
- Examen complémentaire : Radiographie de face et de profil du segment concerné afin de ne pas méconnaitre une fracture. Ne doit pas retarder un avis spécialisé.
- Orienter en urgence vers un service d’urgence de la main Aller à l’annuaire
- Si le doigt est complètement amputé, procéder comme une amputation Aller à l’onglet Amputation
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Le doigt de porte
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Définition/Mécanisme
Le doigt de porte correspond à un traumatisme par écrasement de la dernière phalange (P3).
Bien que tous les âges soient touchés, il existe un pic de fréquence entre 1 et 3 ans. Le majeur (3ème doigt) est le doigt le plus fréquemment atteint.Les lésions peuvent être très diverses, allant d’une simple ecchymose pulpaire à une amputation complète. Il est donc important de préciser le type principal de la lésion.
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Examen complémentaire
Compte tenu du mécanisme d’écrasement, RX systématique, de face et de profil du doigt lésé.
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Prise en charge
La prise en charge est adaptée à chaque situation
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